Les Cigs
Installation créée dans le cadre du projet de diplôme de Master Espace & Communication de la HEAD — Genève, avec le mantorat de Rosario Hurtado, Arno Mathies et Maarten Gielen.
Quelque part entre un Japon rêvé et un souvenir de Provence se trouve Les Cigs, endroit hors du temps, jardin façonné dans l’ambition étrange de pouvoir entendre chanter ensemble grillons et cigales, insectes que normalement les saisons séparent. Cette ambition appartient à un homme, poète de son état, parce que mû par un seul souci esthétique…
Aux Cigs, tous les éléments suivent cette même règle : la poésie autorise. Les miroirs d’eau ne sont plus une image mais de vrais miroirs, et d’autres curiosités qui s’épanouissent habituellement dans le langage deviennent réalité.
La fonction poétique des objets supplante leur fonction d’usage, au prix peut-être d’une certaine confusion : est-ce donc un peigne ou un râteau que je regarde ? Si le jardin me dit qu’il s’agit d’un râteau, l’objet lui-même raconte que dans ce jardin, l’on peigne les cheveux de la terre…
Dans un mouvement inverse à celui du Parti Pris des Choses de Francis Ponge, qui entendait dans son recueil redonner par le langage leurs qualités à des objets banals, les objets qui composent les Cigs ont été conçus à partir d’images poétiques afin d’infuser dans le design un peu de cette magie des mots.
Pour Les Cigs, sept images qui forment un poème sont ainsi matérialisées dans l’espace de l’installation sous la forme d’objets. Le jardin dans lequel ces objets sont disposés se veut métaphorique. Il se situe dehors, mais dans un dehors qui ne signifie plus l’extérieur mais bien un hors ― hors d’un système trop rigide, rationnel, fonctionnel, voire, hors du monde.
Crédits photo ©HEAD-BaptisteCoulon, ©AnaIrisParis